Sur cette carte, réalisée et diffusée par OCHA, les convois ayant transporté de l'aide humanitaire vers des zones chaudes en Syrie entre janvier et juin 2013. (Pour voir la carte en grand, cliquer sur l'image)
Sur cette carte, réalisée et diffusée par OCHA, les convois ayant transporté de l’aide humanitaire vers des zones chaudes en Syrie entre janvier et juin 2013. (Pour voir la carte en grand, cliquer sur l’image)

REPÈRE Quinze des 17 convois préparés par l’ONU ont atteint leur destination, entre janvier et juin 2013.

Plus de deux ans après le début du soulèvement contre Bachar el-Assad, la situation humanitaire est de plus en plus critique en Syrie.

Face à cette situation, il s’agit pour les organisations humanitaires de relever, d’abord, un défi d’ordre financier.

L’ONU, qui en décembre avait demandé 1,5 milliard de dollars pour le premier semestre 2013 pour la Syrie, ne dispose pour l’instant que de 1,2 milliard dans ses tiroirs.

Or, pour le deuxième semestre, les besoins de l’ONU ont presque quadruplé. Le 7 juin dernier, l’ONU a en effet lancé un appel de fonds pour 5,2 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros), un record historique, pour aider jusqu’en décembre plus de 10 millions de Syriens affectés par le conflit, soit près de la moitié de la population du pays. Il s’agit de l’appel de fonds le plus important jamais lancé par l’ONU (sans prendre en compte la phase Reconstruction), loin devant l’Irak, le Soudan, l’Afghanistan et le Pakistan et même le terrible tremblement de terre en Haïti de 2010 et le tsunami qui a frappé l’Océan indien en 2004.

Faute de fonds supplémentaires, “davantage de personnes vont mourir”, a averti la patronne de l’humanitaire aux Nations unies, Valerie Amos, le 6 juin dernier.

 

Sur ces 5,2 milliards de dollars demandés pour les derniers six mois de l’année, 1,4 milliard de dollars permettront aux Nations unies de venir en aide à 6,8 millions de Syriens restés dans leur pays (dont 4,25 millions de déplacés internes). Le reste, constituant la part principale de cette somme, soit environ 3,81 milliards de dollars, servira à aider les quelque 3,45 millions de réfugiés répartis dans les pays limitrophes (Liban, Jordanie, Turquie).

Selon un porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), “d’ici fin 2013, la moitié de la population syrienne aura besoin d’aide”.

 

Le Haut Commissaire du HCR, Antonio Guterres, a souligné que les quelque 5 milliards demandés constituent à première vue un énorme montant mais ne représentent que “ce que les Américains dépensent en glaces en 32 jours” et bien moins que les fonds versés pour sauver certaines banques de la crise financière.

 

Ces fonds demandés par l’ONU correspondent aux besoins de quelque 100 organisations humanitaires, dont fait partie le Programme Alimentaire Mondial (PAM). Cet argent sert à loger, nourrir, fournir une assistance médicale, une assistance scolaire, garantir de l’eau potable pour les personnes restées sur le territoire syrien et les réfugiés. Ces ressources permettent également de reconstruire les infrastructures et services publics endommagés en Syrie.

“Les chiffres présentés dans ce plan sont ahurissants. Ce n’est pas durable sur une longue période”, a déclaré le directeur exécutif adjoint du PAM, Amir Abdulla. Ce dernier est d’autant plus inquiet que son organisation ne dispose pas d’assez de fonds pour ses opérations au-delà du mois d’août. “Il y a des personnes qui ne mangeraient pas en Syrie sans l’aide du PAM”, qui espère nourrir 3 millions de personnes en juillet et 4 millions d’ici fin 2013, a souligné M. Abdulla.

“Pas seulement un problème de financement”

Mais les défis à relever ne sont pas seulement d’ordre financier, ils sont aussi d’ordre sécuritaire, car il s’agit d’acheminer de l’aide dans un pays en guerre.

Quinze des 17 convois préparés par l’ONU ont néanmoins atteint leur destination,entre janvier et juin 2013, révèle le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), dans une carte réalisée par ses soins et diffusée le 6 juin (voir ci-dessus). Cinq convois ont été envoyés dans des zones contrôlées par les rebelles, dans les provinces de Qarameh, Homs et Idleb. Sept autres ont été envoyés dans des régions dont les insurgés et le régime se disputent le contrôle,dans les provinces de Deraa, Deir ez-Zor, Hama, Alep et Homs. Deux convois n’ont cependant pas pu atteindre leur objectif pour des raisons de sécurité.

 

“La mission des travailleurs humanitaires, qui consiste à assurer la fourniture de l’aide aux populations dans le besoin, devient chaque jour de plus en plus dangereuse”, souligne Kristalina Georgieva, Commissaire européenne chargée de la Coopération internationale, de l’Aide humanitaire et de la Réaction aux crises, dans une tribune publiée en mai dernier. “Les principes humanitaires de base d’accès et de protection des victimes sont bafoués et violés sur une base quotidienne. Les hôpitaux, les boulangeries, les convois d’aide humanitaire et le personnel médical deviennent la cible des combats, et le viol est de plus en plus utilisé comme arme de guerre”, explique-t-elle.

La Commissaire européenne souligne enfin que “l’objectif de l’aide humanitaire n’est pas de conférer un avantage à un groupe face à un autre ni de défendre un au détriment de l’autre. Il s’agit plutôt d’accorder une aide à toutes les victimes sans aucune discrimination”. L’aide humanitaire est “une question de survie pour les civils syriens : elle ne devrait en aucun cas être définie par des enjeux politiques”, ajoute-t-elle.

Source : http://www.lorientlejour.com/article/818652/laide-humanitaire-en-syrie-entre-defis-logistiques-et-financiers.html

Date : 11/06/2013

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L’aide humanitaire en Syrie, entre défis logistiques et financiers

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